Depuis l’âge de 17 ans, je suis accro au ski alpin et au ski de fond. Avec le temps, j’ai délaissé le premier à la faveur du second. J’aime la solitude et l’éloignement du bruit des remontées mécaniques. Avec le ski de fond, s’ouvre une plage de temps avec la forêt qui stimule l’imaginaire: dans ces moments-là, j’écris dans ma tête. Mon dernier essai a largement été pensé sur les pistes. Parfois, lorsque je repasse par un lieu, un bosquet comme un bord de rivière, il m’évoque un chapitre. Ce sport d’endurance produit des fulgurances, des bémols, des repos, des ressassements. Il me baigne d’odeurs, de lumières, de sensations, de perspectives, d’animaux croisés… Un mélange d’aventure qui me sort de mes limites habituelles et m’aide à voir plus clair.
Je skie plusieurs fois dans l’hiver. A Valberg et à Auron, dans les Alpes-Maritimes, mais surtout en Savoie, sur le domaine nordique de Grand Revard près d’Aix-les-Bains. Un plateau immense où je peux parcourir 50 km/jour (ma moyenne haute). Un jour, je me suis égaré, noyé dans la brume du jour qui tombait. Avec des branches, j’ai construit un abri et j’ai passé la nuit dans un trou creusé au pied des racines d’un arbre. L’imagination est aux aguets avec les bruits des animaux. Il y a ceux que l’on voit comme les chevreuils ou les corbeaux et puis ceux que l’on entend bondir dans la neige, sans savoir qui ils sont. Des renards? Des martres ? Il faisait un peu moins de zéro degré et j’ai très bien dormi. J’ai été étonné du sentiment de sécurité dégagé par la forêt qui s’était refermée sur moi. Il me reste de cette aventure un sentiment de confiance… et d’absurdité. A mon réveil, j’ai entendu le bruit de skieurs. Je m’étais perdu près d’un carrefour de pistes, à quelques mètres d’un panneau d’indication.
Dernier livre paru : Au-delà de l'impossible (Plon).