Sales gosses
Des sales gosses. De vrais petits c…, aurait-on même envie d’ajouter en découvrant les virées alcoolisées de ces jeunes Chamoniards d’une quinzaine d’années. Fred, Dédé, Jérôme, Titi ou Sam (Beaugey, l’auteur) sont nés dans les années 70; ils se sont connus sur les bancs de l’école et ont fait ensemble les 400 coups au son d’AC/DC ou de Noir Désir, ne rêvant que des montagnes où ils découvrent ensemble tous les types de glisse et d’escalade.
Une jeunesse de bad boys qui, en d'autres lieux, les auraient amenés directement à la case prison. Mais ces têtes folles vont se révéler des sportifs hors pair et les braquages qu'ils vont réaliser seront en ski extrême, en alpinisme, en base jump ou en wingsuit; ouvrant des voies impossibles ou imaginant des sauts et des vols sur toutes les montagnes du monde. «Cet espace sauvage est ambigu: il a fait de nous des bêtes trop libres pour accepter les règles d'en bas, mais y avoir séjourné longtemps nous a aussi préservés du pire…», écrit, lucide, Sam Beaugey. Au finale un très beau livre sur la folie de la montagne, la passion et la rage.
Et on retire ce qu’on a écrit en introduction. Ce sont finalement des mecs vraiment bien!

de Sam Beaugey. Edition Paulsen Guérin. 284 pp., 25 €.
Les Fantômes du Denali
L’ignorance a parfois du bon. En se lançant dans la lecture des Fantômes du Denali, on avoue que l’on ne connaissait rien de l’auteur et de ses courses dans l’Alaska à la fin des années 70.
On a donc dévoré les exploits de Simon McCartney, jeune grimpeur britannique surdoué, inconscient et attachant, qui s’attaqua en compagnie du Californien Jack Roberts à deux voies encore vierges: la face nord du mont Huntington puis l’immense et vertigineuse face sud-ouest du Mc Kinley (rebaptisé depuis Denali, son nom indien).
Un récit au suspens et au style soutenus, qui nous conduit dans les pas de ces «stonemasters» hippies, avec leur fraternité, leurs bivouacs improvisés dans la neige, les rations insuffisantes, les gestes fous. Et, à l’approche du sommet, la solitude des cimes peuplée de rêves et de fantômes.

de Simon McCartney. Traduction Charlie Buffet. Edition Paulsen Guérin. 442 pp. 25 €.
L’ascension du mont Blanc
On a toujours été impressionné par ces géants de la montagne capables de grimper des parois impossibles, d’enchaîner les longueurs de glace et de rocher, de vaincre les sommets les plus hauts en supportant le froid, l’hypoxie ou la mort omniprésente. Une force physique et mentale qui ne pouvait s’accompagner que d’une hygiène de vie impeccable soutenue par une philosophie de la vie qu’on imagine épurée à l’image de ces himalayistes barbus méditant devant un chörten et quelques bâtonnets d’encens.
Alors quand un éditeur parisien quadragénaire déprimé qui n’est jamais monté plus haut que le sixième étage de son immeuble décide de faire le mont Blanc accompagné par deux écrivains fêtards et potaches (Sylvain Tesson et Jean-Christophe Rufin) et un ancien champion du monde d’escalade (Daniel Du Lac), on sourit en se disant que tout ça n’est pas très sérieux. Et de fait, le récit nous emmène dans une longue virée chaotique entre pizzerias, copains, refuges, cuites et cordées. Une autre face de la montagne.

de Ludovic Escande. Allary, 160 pp., 16,90 €.