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Aventure

«C’est presque une recherche intérieure»

Une saison à la montagnedossier
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Retour sur la quatorzième édition du Festival international du Film d’aventure de La Rochelle. (3/4)
(Image extraite de Surf the line / DR)
publié le 7 décembre 2017 à 9h00

Des types qui escaladent, courent, tirent des bords, sautent en parapente, suent, tombent, se relèvent, chutent, plongent, volent, découvrent des horizons inconnus… pendant que d’autres assis sur leurs sièges, les regardent faire. Et applaudissent à leurs exploits. Voilà, sommairement esquissé, à quoi ressemble le festival du film d’aventure qui s’est tenu à La Rochelle mi-novembre, accueillant plus de vingt mille personnes.

Le festival a été aussi l'occasion de répondre à des questions aussi peu futiles que «l'exploration est-elle toujours utile?» ou de redécouvrir la fascinante existence de l'aventurier Arnaud De Rosnay («Au-delà du défi»), un des pionniers de la culture de la glisse et de l'extrême, disparu dans des conditions toujours mystérieuses. Le film de Marjory Déjardin lui a rendu un hommage émouvant, lui qui fut non seulement aventurier, mais inventeur, jet-setter et flambeur, un «Gatsby des temps modernes», selon les organisateurs du festival.

«Surf the line», un film de Jérémy Frey, a lui le mérite de nous montrer – enfin!- un peu de l'envers du décor, qui n'est généralement pas l'apanage du film d'aventure et de glisse, plus propice à la glorification du geste, de l'attitude et de l'émotion… Les «flying frenchies», qui n'en sont pas à leur première tentative monstrueuse, ont cette fois entrepris de tendre un câble entre deux rives –de montagne– pour y faire glisser une planche sur laquelle ils tiennent en équilibre avant de plonger… dans le vide, avec un parachute. 

«Sensation ultime de glisse et de liberté»? Plus que ça, ce sont des calculs complexes qui leur font tendre un câble d'un kilomètre de long au-dessus de nulle part. «On est pas inconscients, parce que tout ce qu'on fait, on le calcule et on réalise des tests», explique un membre du groupe. «On travaille avec des marges, la moindre erreur peut être fatale, il y a des choses pour lesquelles on doit être béton», ajoute un autre. En fait, les «flying» ne sont pas du tout dingues, mais très maîtrisés. L'important «Ce n'est pas de le faire à la gâchette -un pistolet sur la tempe ndlr- c'est de se mettre dans ces situations en sachant que tu les contrôles», dit un «surfeur».

Ces glisseurs apprivoisent la peur, la maîtrisent, mais finalement pourquoi? «Ce qui les définit, c'est presque une recherche intérieure, "je repousse mes limites, mais je maîtrise", ce qui nous paraît fou est pour eux un risque calculé», explique un fin connaisseur des flying frenchies. Pour certains, il y a dans cet engagement une «difficulté à trouver sa place dans la vie», et partant, à en avoir une ici. Tifaine, une de leurs amies, conclut ainsi : «Vouloir vivre sa vie aussi intensément, c'est du courage».