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Plus vite, plus haut, plus fort...

Une saison en hiverdossier
Les stations multiplient les investissements pour développer leurs domaines skiables. Comment se décide et se construit un nouveau télésiège? Exemple en Savoie.
(DR)
publié le 31 janvier 2019 à 10h58

Flambant neuf, le télésiège du Mont Corbier, dans le domaine des Sybelles (Savoie) est en fonction depuis le début d ela saison. C'est un investissement sonnant et trébuchant: six millions d’euros au bas mot. La décision de le construire a été prise en 2015. Il a fallu une signature via une délégation de service public entre la mairie et la Satvac, l’exploitant.

La nouvelle infrastructure doit optimiser l’accès à la pointe de l’Ouillon, à 2 431 mètres. Ce lieu stratégique est le point d’interconnexion entre les six stations des Sybelles : La Toussuire, Les Bottières, Le Corbier, Saint-Jean-d’Arves, Saint-Sorlin-d’Arves et Saint-Colomban-des-Villards. Selon les responsables de la station, les deux anciennes remontées ne répondaient plus aux attentes des clients, en termes de confort et de rapidité.

Exeunt les deux télésièges à pinces fixes (où les sièges restent solidaires du câble ndlr) démontés et partis à la ferraille, supprimés les pylônes et les câbles. L'ensemble a été remplacé par un débrayable (où les sièges sont désaccouplés du câble dans les gares pour un embarquement et débarquement à vitesse réduite, sans ralentissement de l'ensemble de l'appareil ndlr). «En terme de flux, les gens n'ont rien perdu», commente Jérôme Choudin, directeur du domaine skiable des Sybelles. Le nouveau télésiège est capable d'emmener trois mille personnes par heure avec ses 86 sièges de 6 places. Débit de 3000 personnes par heures. Vitesse maximum des sièges en ligne de 6 mètres / seconde (soit 21,6 km / h).

Pour construire un tel engin, il a fallu d’abord lancer une étude environnementale où passent les écologues qui font l’inventaire exhaustif des fleurs, de la faune et… des larves de papillon. L’enquête publique est lancée. Le public dispose alors de six semaines pour réagir. Il reste ensuite à attendre l’avis du commissaire enquêteur. Une fois celui-ci rendu -s’il est favorable-, les fondations sont réalisées. Début du terrassement, la pelle mécanique creuse sous l’arrivée des futures gares et à l’emplacement prévu pour les pylônes. Il faut s’assurer que la roche est de qualité, couler des mètres cubes de béton. Les fondations faites, les gares sont montées en parallèle des pylônes, transportés par hélicoptère. Il faut compter environ six mois de travaux mobilisant une quinzaine de personnes.

Il est alors temps de tendre le câble en acier de 36 tonnes, transporté par un gros camion tiré lui-même par une pelle mécanique. Puis arrivent les 86 sièges de six places, rouge et noir. On réalise alors l’épissure (jointure entre deux ensembles métalliques). Le câble est tendu par son simple poids. Les premiers rodages sont effectués, un bureau de contrôle technique contrôle les fondations. Des procédures de vérification électrique et mécanique suivent, avec notamment des calculs de temps de freinage et d'arrêt.

Le STRMTG, structure dépendant du Ministère des Transports donne alors son avis de conformité. Le maire peut alors autoriser l’exploitation. Pour le télésiège du Mont Corbier, il aura fallu quinze mois entre l’instruction à la livraison du chantier. Une telle opération dure généralement au moins deux ans.