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Libération

Le cimetière des ammonites

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publié le 20 décembre 1994 à 23h28

Les ammonites des mers alpines ont disparu depuis deux cents

millions d'années, mais elles continuent de se multiplier. Un bon millier d'entre elles ont été mises au jour cet été, à l'entrée de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), sur le site des Isnards. Une brutale recrudescence fossile née sous le marteau des spécialistes de la réserve géologique de Haute-Provence, lors de leur dernière campagne de fouilles. Grande réussite, mais demi-découverte seulement, puisque l'équipe franco-roumaine d'une vingtaine de fouilleurs s'est attaquée à un gisement déjà célèbre. La «dalle des Isnards», décrite depuis le XIXe siècle, est connue dans le monde entier pour son exceptionnelle richesse en fossiles. Sur un vaste pan de calcaire gris de 200 m2, fortement incliné au ras de la route de Barles, près de 600 ammonites pétrifiées émergeaient de la roche. Les plus belles pièces fossiles, dont la coquille s'enroule sur elle-même pour former une sorte de roue, atteignent un diamètre de près d'un mètre.

Objet de convoitise de la part des collectionneurs, prêts à tout pour extraire les plus beaux spécimens de leur gangue, la dalle fait l'objet d'une protection stricte depuis son classement au titre de réserve naturelle. Cette surface unique au monde a d'ailleurs été entièrement moulée, reproduite et vendue pour la coquette somme d'un million de francs à la ville de Kamaichi, dans le nord du Japon. Là-bas, la «fausse dalle» est le clou d'une exposition qui a déjà reçu plus de 2 millions d