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Libération

Mystères extra-galactiques

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publié le 24 janvier 1995 à 23h46

Enchâssée sur fond de ciel bleu-noir, on dirait une bille brillante

orangée, traversée de violents reflets comme dans un oeil d'or. Et puis, pour qui prête attention, se dessinent tout autour de délicats sourires cosmiques ­ une dizaine, sortes de fins quartiers d'orange disposés comme des ronds dans l'eau. Ces «arcs gravitationnels géants autour du coeur d'un amas de galaxies» (photo de la page précédente), détectés par le télescope spatial Hubble et présentés au Texas Symposium, à Munich à la mi-décembre, n'en finissent pas d'enthousiasmer leurs découvreurs, François Hammer et Olivier Le Fevre du CNRS, astronomes à l'observatoire de Paris-Meudon (1).

C'est qu'ils font voir l'invisible ou presque. Que l'on zoome sur l'un de ces sourires et l'on déniche, cachée et déformée comme en une anamorphose, l'image insoupçonnée d'une galaxie spirale (lire lexique). Une galaxie extrêmement lointaine, flottant peut-être à des milliards d'années-lumière au-delà de l'amas, indiscernable directement par le plus puissant des télescopes.

Si on peut ici la voir, c'est que ses rayons lumineux se sont fait piéger et amplifier par la gigantesque attraction gravitationnelle exercée par l'amas de galaxies (voir graphique): un gros tas céleste à l'évidence de fort belle facture, «parmi les plus massifs, dix mille fois notre galaxie», expliquent Hammer et Le Fevre. Un amas qui vaut son million de milliards de soleils. Une «lentille idéale», ajoutent-ils, heureux, car les arcs, par leur disposition ré