Amoureux fous de particules évanescentes
C'est un trio de physiciens passionnés qui a un jour regardé vers le ciel. Et décidé de quitter les tunnels à accélérateur de particules pour entrer dans un autre tunnel: sous la montagne du Gran Sasso, au coeur des Abruzzes, d'où on peut, magnifiquement observer le Soleil. Plus précisément, les neutrinos qui s'en échappent, nés des réactions de fusion thermonucléaire de l'étoile (1).
Michel Cribier, chef du groupe de Saclay, est devenu le pilier français de Gallex c'est le nom de cette expérience européenne réunissant Allemands, Français, Italiens, basée sur l'utilisation d'un détecteur au gallium, d'où son nom. Récemment, il a encore passé trois semaines dans cette région austère, dont des journées entières sous la plus haute montagne du coeur de l'Italie, où s'accumulent d'incroyables appareil lages destinés à détecter les particules capables de traverser les roches. «Heureusement, j'ai trouvé les neutrinos solaires», explique ce passionné, manifestement amoureux desdites particules. Il se souvient encore du séminaire sur le sujet que le célèbre astrophysicien Evry Schatzman était venu donner au labo de l'Orme des Merisiers, au début des années 80. Il y avait raconté cette curieuse observation: depuis 1968 et les travaux de l'Américain Ray Davis, on s'est aperçu qu'on ne détectait que le tiers des neutrinos solaires attendus. Où est le problème? Dans le Soleil, dont les astrophysiciens assurent qu'ils ont bien compris les mécanisme