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Libération

Arcy-sur-Cure : ils ont marché dans la grotte

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publié le 7 mars 1995 à 2h24

C'était un jeudi de janvier, au Crédit agricole du bourg de

Taulignan (Drôme), où travaille Pierre Coulange. Au téléphone, le préfet cherche à le joindre. Il parle d'urgence, d'un rendez-vous pressant pour une affaire si importante qu'on ne peut même l'évoquer. «Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit que j'allais être mis en examen, dit Pierre Coulange. J'ai essayé de gagner du temps en disant qu'il y avait trop de verglas pour me déplacer.» Il ose à peine s'en ouvrir à sa femme, ne dort pas de la nuit, mendie encore une journée de répit. De plus en plus sévère, le préfet le convoque à 15 heures, le samedi suivant à Vallon-Pont-d'Arc, de l'autre côté du Rhône, où les Coulange possèdent une maison de famille. «En arrivant, j'ai vu un fourgon de gendarmes. Je me suis dit: c'est fini.» Pierre Coulange monte à bord.

Propriétaire d'un trésor de l'humanité, mais pour combien de temps?

Et puis d'un coup, la surprise, la joie. Sur la parcelle 307 de la propriété, qu'il partage avec quatre frères et soeurs, des spéléologues viennent de découvrir une grotte souterraine, ornée de peintures rupestres parmi les plus belles du monde. Pendant la visite, le préfet manque de rester coincé dans le goulet de granit qui conduit à la cavité. On rit, on pleure. Pierre Coulange boit deux whiskys en rentrant chez lui. Grâce à la loi française déclarant qu'une grotte et tout ce qui s'y trouve appartiennent au propriétaire du terrain, la fratrie Coulange se retrouve maître d'un trésor de l'humani