Deux énormes icebergs viennent de se détacher de la banquise du pôle
Sud. Signe avant-coureur d'un réchauffement de la planète ou épiphénomène?
MÉTÉOROLOGIE. Les glaces de l'Antarctique sont en pleine effervescence depuis quelques semaines. Début mars, un bloc de glace de 2.000 km2 (l'équivalent du département des Yvelines) s'est détaché de la banquise du continent austral. Un mois auparavant, un iceberg encore plus grand (2.800 km2, la superficie du Luxembourg) avait été localisé à la pointe ouest du continent austral. Un monstre de 77 km de long et 37 de large, de 200 mètres d'épaisseur, une tour Montparnasse dans l'eau qui laisserait émerger ses huit derniers étages.
Pourquoi de telles cassures dans la banquise? La tentation est grande d'invoquer l'incontournable effet de serre. Mais les scientifiques ne sont pas toujours d'accord sur la réalité même du phénomène de réchauffement global; il est donc hasardeux de l'accuser dans cette affaire d'icebergs.
Aussi les spécialistes du laboratoire de glaciologie du CNRS (1) à Grenoble, derrière leur gourou Claude Lorius, calment le jeu. En rappelant les précédents: en 1991, un paquebot de glace grand comme la Corse (quatre fois plus étendu que ceux de cette année) est parti à la dérive; sans parler du colosse de 1956, carrément une Belgique flottante! De tels phénomènes existaient sans doute avant mais échappaient à l'homme, faute d'avions et de satellites.
«Ce serait plus inquiétant s'il n'y avait pas d'icebergs», lance, un brin pro