MARC GENTILINI, 65 ans, est un des meilleurs spécialistes au monde
des maladies infectieuses tropicales. Professeur à la faculté de médecine de Paris, il dirige un département de 200 personnes à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ce passionné d'Afrique, missionnaire de la santé, se bat ardemment contre le sida.
LE MANDARIN DES TROPIQUES C'était en 1952. Frais émoulu de la «petite» école de médecine de Reims, un jeune interne rêve sur un planisphère tout neuf, qu'il vient de s'offrir avec le prix de lauréat de sa promotion. Son regard s'arrête sur le Soudan français (aujourd'hui le Mali). Bamako. Nom magique. «Il faut que j'aille là-bas.» 1957: Marc Gentilini, 28 ans, débarque d'un vieux DC3. Soleil de plomb, ciel rouge constellé de latérite. En racontant la scène presque quarante ans plus tard, dans son bureau de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le professeur absout la grisaille hivernale de Paris, et revoit «les grands boubous et les djellabas, et surtout les sourires». «C'est ce jour-là que j'ai réussi ma carrière.»
Professeur à la faculté de médecine de Paris, Marc Gentilini dirige, après l'avoir créé, un département de 200 personnes regroupant le service des maladies infectieuses et tropicales à la Pitié ainsi que l'unité de recherche 313 de l'Inserm (1) sur le paludisme et le sida. C'est son équipe qui a fourni le ganglion infecté sur lequel l'Institut Pasteur a identifié le virus du sida, le VIH-1. C'est elle encore qui a «co-inventé» le VIH-2. Présentement, l'une de s