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La banquise, piège à neutrinos

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publié le 28 mars 1995 à 1h46

La banquise, piège à neutrinos

La glace du pôle ferait un excellent détecteur de neutrinos, ces étranges particules venues du fin fonds du cosmos. C'est ce que des physiciens viennent de vérifier.

ASTROPHYSIQUE. Quand on va au pôle Sud, c'est pour l'aventure, pour étudier les manchots, pour prélever des carottes de glace, regarder le trou d'ozone grandir ou la banquise vêler ses icebergs. Mais c'est rarement pour faire de la glace un nouvel outil scientifique ­ encore qu'on ait découvert que, grâce à ses bulles d'air, on pouvait avoir une bonne idée des climats d'il y a très longtemps. Or, voilà que les étendues de glace elles-mêmes, avec leurs milliards d'atomes bien empilés en cristaux, peuvent devenir des détecteurs, à l'instar de ces énormes appareillages que l'on voit installés près des accélérateurs de particules. Des détecteurs d'une formidable qualité optique, comme vient de le vérifier une équipe de physiciens, qui s'y sont mis à 30 pour signer récemment un article, au sujet d'un détecteur baptisé Amanda (1) dans l'hebdomadaire Nature.

«L'histoire commence à la fin des années 80, lorsque Francis Halzen et ses collègues de l'université du Wisconsin ont l'intuition que la glace doit être remarquablement transparente en profondeur», expliquent les trois physiciens, auteurs du récent livre la Lumière des neutrinos (2). En quoi cette transparence peut-elle présenter un intérêt? A vrai dire, dans un but quelque peu ésotérique au profane: enregistrer le passage de certaines