Qu'un serpent s'apprête à croquer les oeufs de la grenouille
«Agalychnis callidryas» et voilà les petits têtards qui se carapatent, même s'ils ne sont pas totalement à terme.
ZOOLOGIE. Huit à dix jours. C'est le temps que met l'oeuf d'Agalychnis callidryas, une petite grenouille arboricole du Costa Rica, pour éclore et donner naissance à un têtard. Du moins en temps normal. Car, dès le cinquième jour suivant la fécondation, si un serpent amateur d'oeufs attaque une couvée, les têtards peuvent venir au jour prématurément, plonger depuis leur arbre natal jusque dans l'étang en contrebas et échapper ainsi au prédateur. Il s'en faut parfois de peu: certains ne parviennent à crever la membrane de l'oeuf par de vigoureuses secousses que lorsque celui-ci est déjà dans la gueule du serpent. La modulation du temps de maturation serait-elle une stratégie de survie? C'est en tout cas la conclusion d'une zoologue canadienne, Karen Warkentin, qui travaille à l'université du Texas à Austin (1).
Au cours d'une campagne d'observation au Costa Rica en 1991, Karen Warkentin, intriguée par les variations de dates d'éclosion entre couvées de la même espèce, a voulu démontrer qu'elles n'étaient pas fortuites. De retour dans la forêt tropicale d'Amérique centrale les deux années suivantes, elle a procédé à une série d'expériences permettant de comparer des couvées attaquées par des serpents à des couvées épargnées par le prédateur. La spécialiste canadienne en a ainsi examiné un millier, d'une quara