JOEL LAMBERT, DENDROCHRONOLOGUE AU LABORATOIRE DE CHRONO-ÉCOLOGIE DU
CNRS DE BESANÇON.
Les enfants le savent, on peut connaître l'âge d'un arbre en comptant les cercles concentriques les cernes sur son tronc coupé. Mais ils ne savent peut-être pas que ces tranches d'arbre nous en disent beaucoup plus. Tout l'objet de la dendrochronologie (du grec dendron: arbre) est de comprendre leurs messages. La méthode a germé aux États-Unis vers 1890 et a pris son véritable essor en Allemagne, en 1940. Chaque cerne a une largeur différente, d'une fraction de millimètre à quelques millimètres. En simplifiant, on peut dire qu'une année de mauvaises conditions météorologiques donnera un cerne étroit (l'arbre aura peu «grossi»), une «bonne» année un cerne épais. Élément essentiel qui fait tout l'intérêt de la lecture des cernes: une succession de cernes ne sera jamais reproduite dans le temps à l'identique. Ce qui permet de les identifier à des années précises, les saisons exceptionnelles offrant de bons points de repère.
On peut remonter jusqu'à 9000 ans en arrière.
Pour remonter l'échelle du temps et constituer une référence, il faut partir d'un arbre que l'on vient d'abattre. Puisque le chercheur connaît la date du dernier «cercle», il attribue aisément une année précise à chaque cerne jusqu'à son année de naissance. Imaginons que c'est 1904. Étape suivante: il prélève une carotte, par exemple dans la poutre d'une église construite en 1910. En comparant les cernes de la période où les de