Il y a neuf ans, le 26 avril 1986, le réacteur numéro un de la
centrale de Tchernobyl explose en Ukraine. Dans les jours qui suivent, l'ingénieur atomique Grigori Medvedev, alors en poste à Moscou à la direction du contrôle des centrales nucléaires, débarque sur place pour enquêter sur les conséquences du désastre. Trois ans plus tard, ayant choisi de partir en retraite pour éviter un licenciement et une comparution au tribunal pour infraction grave au secret d'Etat, Medvedev publie en Russie «la Vérité sur Tchernobyl» (paru en France en 1990).
C'est le premier d'une série de récits documentaires sur le monde soviétique de l'atome. Grigori Medvedev en connaît un rayon. Officier de la marine de guerre de 1957 à 1965, il subit des irradiations à répétition dans les années 60 en travaillant sur les réacteurs des sous-marins. Malade, il est envoyé dans un hôpital spécialisé dans les maladies infectieuses: «A l'époque, personne ne savait reconnaître les symptômes.» De retour à la vie civile, il se retrouve à colmater en urgence les fuites d'un réacteur en fonctionnement. La dose qu'il reçoit est tellement forte qu'il se retrouve à l'hôpital numéro 6 de Moscou, celui-là même qui soignera plus tard les grands brûlés de Tchernobyl. «Quand mon livre sur Tchernobyl est sorti en Russie, l'équipe soignante m'a dit, amusée: Mais tu es un de nos anciens clients!» Medvedev a retrouvé ses amis de l'hôpital pas plus tard que l'an dernier, puisque que son séjour à Tchernobyl lui vaut désormais