Henri Laborit, un savant prend la fuite scientifique atypique, l'auteur de «l'éloge de la fuite» est mort à 80 ans. Personne n'a jamais eu à la fois le prix Nobel de médecine et la Palme d'Or à Cannes mais Henri Laborit, qui s'est éteint jeudi à 80 ans, est bien le seul à avoir approché de très près cet insolite mélange des genres. Celui qui avait inspiré à Alain Resnais son film Mon oncle d'Amérique, palme d'Or 1980 du festival de Cannes, était aussi un des rarissimes lauréats français du prix Albert Lasker, équivalent américain et antichambre du Nobel, pour la découverte de la chlorpromazine, le premier des tranquillisants.
Cinéma et neurobiologie: ces deux extrêmes d'une oeuvre aussi éclectique que sa vie ne suffisent même pas à situer ce savant inclassable aux airs de héros romantique, chirurgien, chercheur, philosophe, écrivain, biologiste et théoricien des comportements, navigateur et peintre à ses heures perdues, père de cinq enfants, dont quatre travaillent dans le cinéma et grand-père de la comédienne Emmanuelle Laborit.
La vie d'Henri Laborit est un roman, pour emprunter un autre titre à Alain Resnais. Un roman qui débute à Hanoi en 1914 et s'achève à Paris, au soir d'une vie riche en découvertes et en travaux de tous genres. Trop riche, sans doute. Ce côté Pic de la Mirandole et touche à tout a toujours paru suspect à l'establishment scientifique français: il n'a jamais offert à Laborit la reconnaissance que lui avaient depuis longtemps accordée les plus grands cher