Ceci n'est pas un atome. Vous pouvez le retourner en tous sens, lui
donner une tête de système planétaire noyau au milieu, avec sa ronde d'électrons, tels le Soleil et son cortège de planètes ou bien de nuage virevoltant, rougeâtre, blanchâtre ou de quelque couleur que ce soit... «On ne sait pas représenter les atomes», avoue le physicien Michel Crozon, directeur de recherches au CNRS. Et pourtant, on s'y acharne, comme a voulu le montrer un aréopage de scientifiques, lors d'un séminaire-atelier (1), évidemment intitulé «Les représentations de l'atome».
Vengeance de l'infiniment petit, il semble impossible, avec la connaissance scientifique actuelle, de figurer cet objet étrange (de l'ordre du dixième de millionième de millimètre) sans le trahir. Comment coincer ce petit morceau de matière, dont la «masse est dans le noyau» et qui, à l'échelle du nanomonde, s'étend immensément loin «les électrons [en] occupent l'espace»? Naguère, on aimait des images simples telle celle d'«une orange (le noyau) au milieu de la place de la Concorde (les électrons en périphérie de ladite place)». Beaucoup de physiciens la réfutent. Trop simple: comment faire «sentir» la masse prépondérante du noyau/orange? Trop nette: comment traduire le flou de l'objet (où se trouvent donc les électrons sur la place?), qui répond au fameux principe d'«incertitude» de Heisenberg, élément clé de la physique quantique régnant à cette échelle de l'Univers. «Si je mesure la position d'un électron, il y a du f