Le site de Los Alamos, créé lors de la Seconde Guerre mondiale en
plein désert du Nouveau-Mexique pour abriter des milliers de scientifiques travaillant à la mise au point des premières bombes atomiques américaines, a-t-il trouvé, grâce au tritium (1), un moyen de financer sa survie à perpétuité? Sur place, des rumeurs font état de nouvelles réductions d'effectifs dans un lieu dont la vocation est, depuis l'arrêt des essais nucléaires américains et les accords de désarmements russo-américains, plus que problématique. D'où l'idée examinée actuellement par les responsables de l'administration Clinton de confier au centre de Los Alamos un important programme de recherche sur un projet cher aux militaires américains mais dont l'utilité reste à démontrer: la production de tritium pour les bombes et les têtes de missiles du Pentagone.
Le tritium a, en effet, comme double caractéristique de rentrer dans la composition de toutes les armes nucléaires que les Etats-Unis entendent conserver dans leur arsenal et d'avoir une durée de vie relativement brève. Cette seconde caractéristique, qui impose de renouveler les stocks à échéances régulières, ne pose, pour l'instant, guère de problèmes: les armes nucléaires qui passent actuellement à la casse contiennent suffisamment de tritium pour réactiver les armes existantes. Mais, d'après les militaires, cette source ne sera pas inépuisable: selon eux, l'arsenal américain manquera de tritium à partir de 2011. Construits dans les années 50, le