Ce qui me frappe, c'est la culture antiscience chez les jeunes, les
15-16 ans. Pour eux, le hi-tech provoque de la pollution. Les expériences en biologie, c'est la torture des animaux...» Pour Anne Campbell, députée britannique, s'exprimant franchement vendredi lors d'un colloque de deux jours, consacré aux politiques de recherche en Europe (1), le fossé entre science et citoyens peut virer au gouffre. «Unabomber (2) ne fait-il pas une critique radicale de la science et de la technologie, les rendant entre autres coupables de l'effondrement des valeurs, de la famille etc.», remarque aussi, en aparté, Luc Soete (Institut de recherches économiques de Maastricht sur l'innovation et la technologie). Si à ces notes sinistres, on ajoute une déprime générale les budgets s'érodent un peu partout dans le monde on s'interroge illico: quelle va bien pouvoir être, demain, la place de la science dans la société? Et voilà que le président de la République soi-même, Jacques Chirac de passage jeudi à l'institut Pasteur, s'y met et appelle la communauté scientifique à contribuer à «réduire les fractures» entre «une élite scientifique (et) la plus grande majorité de nos concitoyens»!
Ah, que c'était simple du temps (guerre froide) où les gouvernements avaient des demandes franches et massives: construisez-nous des bombes, des fusées, des réacteurs producteurs d'électricité... Aujourd'hui, autre registre. En ouverture des journées, la secrétaire d'Etat à la Recherche Elisabeth Dufourcq a déc