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Libération
Enquête

La forêt vietnamienne en péril

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Guerres et déforestation galopante: de 43% , le couvert forestier serait tombé à 27%.
publié le 28 novembre 1995 à 9h51
(mis à jour le 28 novembre 1995 à 9h51)

A Hô Chi Minh-Ville, il suffit de se promener le nez en l'air, et on les voit alignés le long des rues, «très grands (40 mètres environ), très droits, très ronds, plus d'un mètre de diamètre», comme les admire, sincèrement amoureux, le professeur-sylviculteur Thai Van Trung. Eux, ce sont de majestueux arbres tropicaux, des Dipterocarpus, ou des Hopea qu'au siècle dernier, un botaniste français, Jean-Louis Baptiste Pierre, réussit à extraire de la forêt puis à faire pousser dans son jardin botanique. Aujourd'hui, une question inédite se pose: ces arbres des villes deviendront-ils les sauveurs des forêts d'où ils sont issus? Leurs graines, faciles à recueillir dans ce «verger de ville», permettront-elles de replanter des zones en perdition?

De grands pans de forêts ont été détruits par la guerre ­ surtout au sud du Viêt-nam ­, aujourd'hui, c'est une déforestation galopante qui ravage le pays tout entier, surtout en vue d'exportation (illégale) de bois, notamment vers la Corée, ou le Japon, comme le notent les observateurs de la région. De 43% (1), le couvert forestier du Viêt-nam serait ainsi tombé à environ 27% ­ «5 millions d'hectares détruits sur les 14 millions originels» selon M. Thai (2) ­ sans que les chiffres puissent être totalement avérés, en particulier en l'absence, jusqu'ici, d'analyse de photos satellites.

Thai Van Trung, depuis son centre d'écologie d'Hô Chi Minh-Ville et ses faibles moyens, ne veut pas baisser les bras. La forêt tropicale humide détruite a beau ê