La mobilisation internationale sans précédent contre les essais
nucléaires dans le Pacifique ne laisse guère de doute quant à l'existence d'une opinion publique mondiale. Hormis les mondes musulman et africain, que l'on n'a guère entendus sur cette affaire, la plupart des opinions publiques asiatiques, américaines et européennes ont émis des jugements négatifs sur la reprise des essais. En faisant valoir trois objections: la perte de légitimité des armes nucléaires après la fin de la guerre froide; le risque d'émettre un signal d'encouragement aux nations en quête de l'arme nucléaire; les atteintes portées à l'environnement par la reprise des essais.
La vigueur de cette mobilisation internationale a sans nul doute surpris le gouvernement français. Mais la surprise la plus grande est peut-être venue de l'opinion française. Elle que l'on croyait cocardière s'est trouvée pleinement en phase avec l'opinion publique mondiale, privant ainsi Paris d'un levier politique important. Comment défendre le caractère inéluctablement national d'une décision de ce genre quand celle-ci ne recueille pas l'assentiment de la majorité des Français?
Cela étant, la vigueur et la rapidité avec laquelle l'opinion publique mondiale s'est mobilisée soulève deux interrogations sur le long terme. La première est celle de savoir pourquoi l'opinion publique mondiale parvient à se mobiliser sur certains thèmes et pas sur d'autres. Autrement dit: pourquoi ce qui est possible avec les essais ne l'a guère été a