Menu
Libération
Interview

Les mystères de l'esprit

Article réservé aux abonnés
publié le 2 janvier 1996 à 0h24

«Nous ne pourrons probablement pas aborder le problème de l'esprit

sans élargir préalablement notre concept actuel de science, mais je ne vois aucune raison d'opérer une rupture nette avec des méthodes qui se sont avérées extraordinairement efficaces.» Et voilà comment, vaillamment, le scientifique Roger Penrose, brillant physicien d'Oxford, internationalement connu pour ses «pavages non périodiques» ou ses «diagrammes sur les trous noirs», s'attaque derechef à l'esprit ­physique quantique et «microtubules» en bandoulière­ ou plus précisément à la «recherche d'une science de la conscience» dans son dernier livre les Ombres de l'esprit (1).

Derechef, parce que cet ouvrage fait suite à son premier livre du genre, le best-seller (surtout en Angleterre et aux Etats-Unis) l'Esprit, l'ordinateur et les lois de la physique. Succès international qui a eu le don de mettre le feu aux poudres dans plusieurs communautés scientifiques. D'abord chez nombre de physiciens (quantiques) qui n'ont pas trop envie d'aller dériver du côté des chemins aventureux de la neurobiologie, terra incognita, mais surtout chez les tenants de l'intelligence artificielle «pure et dure». Ceux que Penrose qualifierait d'adeptes du «point de vue A» (2), autrement dit pour qui «toute pensée se réduit à un calcul; en particulier le sentiment de connaissance immédiate consciente naît simplement de l'exécution de calculs appropriés». Penrose, dont beaucoup de lecteurs attendaient avec impatience qu'il «démontre» expli