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Libération
Portrait

BERNADETTE DARCHEN, 59 ans, spécialiste des fourmis puis, avec son mari, des abeilles, délaisse parfois ses insectes sociaux pour de plus grosses bêtes. Elle a réunit une étonnante collection de naturalisés. Une vie à chercher la p'tite bête

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publié le 16 janvier 1996 à 23h53

«Je suis restée fille des bois même si je suis docteur ès sciences.»

Et dans un éclat de rire qui ne manque pas de panache, cette native de Bergerac, mangouste sur une épaule, ara sur l'autre et minuscule caniche blanc dans le giron, vous conte les pérégrinations de Bernadette Darchen, née Delage voilà 59 ans. Largement de quoi faire aussi de cette myrmécologue-apidologue (1), une fille de la brousse africaine, de la forêt mexicaine, des marchés exotiques où folâtrent agoutis et pangolins ou encore des tourbières injustement méconnues du Périgord (2). Pour l'instant, l'oeil brillant, elle invite à pénétrer dans son dernier univers en date: le «Musée de la vie sauvage», par elle concocté dans la ville du Bugue (Dordogne), sur les rives de la Vézère jadis arpentées par Cro-Magnon (lire encadré). «Je me fais mon muséum», avoue dans un nouvel éclat de rire ravageur, ce «maître de conférences de l'université Paris-VI, mis à disposition pour créer un musée d'histoire naturelle». Et de vous promener entre les vitrines, de volatile aux yeux ronds ­ «elle était vilaine, cette chouette, je l'ai mise en boîte» ­- en spécimen de la banquise ­ «regardez ce guillemot, on le croirait saupoudré de chocolat!», en passant par les belettes, Mustela nivalis, dont elle ne peut s'empêcher de narrer quelques hauts faits: «Un jour, j'en ai rencontré deux qui se fichaient une peignée. Eh bien, je les ai regardées, tout près, comme ça. Incroyable, elles ne me voyaient pas.»

Ce genre d'anecdotes la ravi