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Enquête

Dans le futur, va-t-on guerroyer à coups d'armes non létales?Balles sonores, glus, lasers aveuglants, dévoreurs de métaux: les labos américains carburent sur les armes dites «non mortelles»

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publié le 23 janvier 1996 à 23h36

Le principal problème des armes, c'est qu'elles tuent. Pensée et

images de plus en plus insupportables dans les conflits actuels largement télévisés, où apparaît, de surcroît, une étonnante disproportion des équipements entre adversaires, a fortiori lorsque l'un des camps est une foule non armée... Résultat, en cette fin de millénaire: une nouvelle théorie, celle du «zéro mort» ­ parmi les forces amies, tous les soldats doivent rentrer indemnes au pays, quant aux pertes ennemies, elles se doivent d'être proportionnées à la nature du conflit. Et peut-être une nouvelle pratique: l'usage d'armes dites «non létales», «non mortelles», en bref, qui ne tuent plus.

Si l'idée mijote depuis de longues années dans le cadre étroit des groupes de réflexion stratégique, c'est lentement qu'émerge du secret des laboratoires américains, dont ceux de Los Alamos et de Sandia, sous l'égide de l'ARPA (Advanced Research Projects Agency), la structure spécialisée du Pentagone, une panoplie d'armes «exotiques». Dans notre pays, les choses en sont très loin. Cet officier supérieur qui participa il y a quelques années à la seule étude significative sur le sujet, commandée par l'ancien ministre de la Défense Pierre Joxe, explique pourquoi: «Evidemment, la guerre avec très peu de morts, c'est très intéressant. Les industriels y ont très vite vu un nouveau secteur d'activité, apte à pomper de gros budgets. Les seuls qui ont gardé la tête froide, ce sont les militaires, car l'armée de terre n'a jamais cru