Y a-t-il un ordinateur dans le cerveau? Serions-nous des machines?
Ou juste un peu mieux qu'un microbe? Rien de cela n'est vrai, mais pas tout à fait faux. Pour comprendre l'homme (en particulier) et le vivant (en général), rien de tel qu'un modèle. C'est «un piège pour attraper le réel», explique Alain Prochiantz, spécialiste de la biologie du développement au CNRS. Pour découvrir comment se forme l'embryon, comment se construit le cerveau et comment il s'organise, comment le code génétique gouverne toutes les fonctions vitales, comment l'évolution a modelé les espèces, bref, ce que c'est que la vie -objet de la biologie (Bio-logos)- les chercheurs s'escriment à formuler des hypothèses, à construire des modèles. Pourquoi? Et y en a-t-il des bons? Ce soir, ces questions sont débattues à Saint-Michel-sur-Orge (1), dans le cadre de la «Semaine de la science», à laquelle est associé Libération. On imagine volontiers les biologistes en blouse blanche, affairés au-dessus de leurs paillasses comme autant de maîtres queux au-dessus de leurs casseroles, cuisinant la soupe du vivant. Une poignée d'expériences (culture de cellules, extraction de protéines, manipulation de gènes...), un soupçon de classification (une membrane ici, un noyau par là, du cytoplasme plus loin...), et les voilà publiant le livre de recettes décrivant ce qu'ils ont trouvé. Fâcheuse caricature! Certes, «faire du descriptif pur est une tendance forte en biologie» (héritée de la grande tradition des inventaires