Jusqu'à quand pourra-t-on tirer sur la corde spatiale? Russes et
Américains, embarqués (même virtuellement, pour l'instant) dans la future station spatiale internationale, donnent l'impression de pratiquer, chacun dans leur genre, un sérieux exercice de funambules. Même si le premier module d'Alpha doit être livré, comme prévu, le 15 avril, par Khrounitchev à Boeing, la vieille station Mir a été priée de bien se comporter jusqu'à la fin du siècle. Et les discussions russo-américaines de ce mois de janvier sur l'air de «qui va payer?» ont viré à l'aigre. C'est que roubles et dollars deviennent denrées rares. A l'Ouest, on ne sait jamais vraiment comment va voter le Congrès américain (même soumis à un très fort lobby), et à l'Est, le programme spatial russe donne des signes d'essoufflement. Un spécialiste du CNES nous confiait récemment l'inquiétude ambiante: «On ne sait même pas quelles sont les réserves de fusées Proton», pilier parmi les lanceurs. De son côté, le magazine spécialisé Aviation Week & Space Technology fait remarquer qu'en Russie, le nombre des «lancements en 1995 est tombé à 32 seulement» contre «47 à 59 de 1991 à 1994». Signe qui ne trompe pas: la quête par les Russes de partenaires, que ce soit du côté d'Arianespace, Lockeed Martin ou Boeing.
Dans le registre refroidissant, un petit blizzard de plus. Le collège de la prévention des risques technologiques, créé début 1989 auprès du Premier ministre, a décidé de suspendre ses activités à partir d'après-demain,