Menu
Libération

Radar

Article réservé aux abonnés
publié le 20 février 1996 à 1h01

Mais pourquoi écrivons-nous si mal, s'est récemment interrogé, en

toute impudeur, un biochimiste du Texas dans les colonnes de l'hebdomadaire Nature. Il évoquait, bien entendu, ce pensum, qui tient du rituel et de la nécessité («publish or perish»), selon lequel les scientifiques doivent régulièrement publier dans les journaux spécialisés des articles tout ce qu'il y a d'abscons pour le profane, mais, si possible, truffés d'avancées scientifiques. De quoi, en tout cas, faire bisquer les collègues. Ou peut-être les endormir... mais on tombe alors sur un tabou que nous feindrons d'ignorer.

Si notre biochimiste de l'université d'Austin estime ainsi «être forcé par (les) collègues» à écrire pauvrement et, surtout, sans vivacité de style (ce serait très mal vu, surtout pour un débutant qui risque de se faire renvoyer dans les cordes par ses collègues!), il pense pourtant que «la pression des pairs ne peut pas complètement expliquer pourquoi les écrits scientifiques sont devenus aussi obscurs et ennuyeux». La question, donc, reste ouverte. Elle pourrait même agiter le milieu dans les temps à venir. Les articles se multiplient, les heures pour les lire ne sont pas extensibles, le choix de ceux dont il «faut» absolument prendre connaissance devient même un problème crucial. Question: les écrits vraiment «importants» qui transitent sur réseau (WWW, Internet, etc.) jargonnent-ils aussi fort?

Tant qu'à faire d'être dans le jargon, restons-y. Allez, tous en choeur: TE-RA-FLOPS! Quand on di