C'est un déluge de récompenses: 22 février, remise de la médaille
d'argent du CNRS (1), au coeur du Quartier latin, dans une petite salle de l'Ecole supérieure de physique et chimie de la ville de Paris (ESPCI) où officie le Nobel Pierre-Gilles de Gennes. Une semaine plus tard, rebelote. Après choix du jury présidé par Georges Charpak, autre Nobel français célèbre, le laboratoire «ondes et acoustique» qu'il dirige est élu «équipe de recherche de l'année», avec la Snecma (2). Lui, il sourit. Savoure le concert de louanges. S'en amuse peut-être, lui qui dit avoir été naguère «désinvolte». Qui, «avant, prenait énormément de vacances». Et d'ailleurs a remis ça la semaine dernière, au ski, et en semblait ravi.
Dans le bureau de Mathias Fink, 50 ans, la liste des prix grandit: 1992 outstanding paper award de l'IEEE (3), 1994 prix de la créativité de la Snecma" Pierre-Gilles de Gennes n'a pas à se forcer pour déclarer: «C'est un grand bonheur d'avoir Mathias ici.» Un médaillé récidiviste qui avoue de surcroît, conviction dans la voix: «J'adore la physique fondamentale mais tournée vers l'appliqué.» De Mathias, c'est la clé.
«Mesurer qu'un fromage est à coeur ou vérifier qu'une pièce d'avion est sans défaut, aucun domaine ne nous dégoûte», assure-t-il, utilisant le «nous» collectif de l'équipe scientifique (plus d'une vingtaine, dont douze permanents). C'est ce qui a plu à P.-G. de Gennes, qui l'a fait venir en 1990 à l'«Ecole», «le meilleur endroit pour faire ce que je fais», estime-t