«Au commencement, était le Verbe? Ridicule! Au commencement, était
l'image», s'insurge avec une foi toute mathématique Benoît Mandelbrot (Université de Yale), célèbre promoteur des fractales, ces courbes quelque peu magiques, objets mathématiques très spéciaux permettant de simuler aussi bien les côtes de la Bretagne, des paysages de montagnes imaginaires que des divagations de fleuves en crue... Et le scientifique de marteler «l'importance de l'oeil», allégrement négligée, selon lui, par la plupart de ses collègues. Résultat: ces derniers sont passés à côté de «la richesse exubérante du réel». Et n'ont pas découvert les fractales, contrairement à lui, qui s'efforçait de rapprocher «les mathématiques et le réel».
Qu'est-ce qu'une découverte scientifique, et comment a-t-elle lieu? «Quatre cents ans après la naissance des sciences modernes en Europe, le processus de la découverte garde de son mystère», reconnaît le physicien Dominique Pignon (CNRS). Pire, «on reste muets sur ce processus, comme si c'était un point refoulé». La découverte, véritable «singularité», serait-elle scandaleuse?
Pour essayer de s'en faire une meilleure idée, le physicien a imaginé, dans le cadre du Forum européen de la science et de la technologie, de réunir une dizaine de scientifiques samedi 23 mars à l'Institut culturel italien (1), et de leur faire raconter le «récit de leurs découvertes». Discours bien sûr «singuliers» qui peuvent pourtant, estime-t-il, «dessiner quelque chose»... Aider à entrevoi