A la lisière du ciel, les chênes verts inclinent leurs troncs
rabougris vers la falaise calcaire. La pierre qui grisonne, battue par le vent et les pluies, court dans le paysage, esquissant le tracé des vallées. Et puis brusquement, la voici entaillée, telle la découpe jaune d'une motte de beurre géante. Les pelleteuses bourdonnent au pied de la tour d'un château fort, en partie drapé de bâches protectrices. En contrebas, un village et ses maisons aux rouges toits périgourdins prend le bruit en patience. Des tirs de mine, et le martèlement de tiges de métal qui attaquent le calcaire. Après plus de douze ans d'attente et la première évocation par Jack Lang, alors ministre de la Culture, d'une modernisation des lieux, enfin ça y est: depuis l'automne, au coeur des Eyzies, village du Périgord proclamé «capitale de la préhistoire», se profile la construction du futur grand musée national de Préhistoire, promis comme l'un des plus importants au monde.
Il doit se nicher là où au siècle dernier (1868), au confluent de la Vézère et de la Beune, fut découvert, pour cause de creusement de voie ferrée, un de nos Sapiens sapiens favoris: Cro-Magnon soi-même. Aux alentours fourmillent les sites: tapis dans de longues galeries, s'égrènent les gravures de la grotte des Combarelles, les bisons polychromes de Font-de-Gaume. Sous la roche se cachent les gisements de La Micoque, Laugerie, Gorge d'Enfer, l'abri du Poisson, l'abri Pataud ou Vignaud... La préhistoire est partout.
Du haut de son repl