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Interview

Jacques Attali : «Il faut imposer un droit d'ingérence écologique»

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publié le 16 avril 1996 à 4h07

Pour Jacques Attali, l'Est ne pourra s'en sortir seul.

Ancien président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Berd, Jacques Attali avait tout tenté pour que les Occidentaux financent la rénovation des «centrales Tchernobyl» de l'ex-URSS. En vain, dit-il. Entre l'inconscience de l'Ouest et la situation économique à l'Est, entre le développement des mafias et la désorganisation de l'ex-URSS, les risques de catastrophe subsistent. Inchangés.

«Tchernobyl a frappé le coup de gong de la fin du système soviétique. Pour la première fois, le Mur de Berlin avait été franchi... par un nuage radioactif. Dans la théorie du chaos, un vol de papillons à Tokyo peut théoriquement déclencher une tempête à Paris. A sa façon, Tchernobyl a été cet élément de chaos, marquant la continuité d'un monde aujourd'hui clos.

Les risques demeurent. Les centrales de type Tchernobyl sont toujours en activité. Seize devraient être fermées. Quarante-quatre transformées. Mais, dix ans plus tard, l'Occident n'a toujours pas affiché sa volonté d'en finir avec ce danger potentiel.

En 1991 et 1992, j'en ai parlé à l'ensemble des dirigeants des grands pays industrialisés. J'ai reçu un accueil poli. Mais nul n'a jusqu'à présent pris conscience de cette «continuité», et de ce qu'elle impose: un véritable droit d'ingérence écologique. Selon tous les experts, il faudrait 21 milliards de dollars pour lever le risque nucléaire à l'Est. Or, quand je suis parti de la Berd, le «Compte spécia