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Libération
Interview

""Nous étions les liquidateurs""

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publié le 16 avril 1996 à 4h08

Des milliers de personnes ont été chargées de «nettoyer» le site.

Youri Fedorovitch Guerasimenko, 33 ans, hospitalisé à l'institut de radiologie clinique de Kiev.

«Lors de l'accident, j'avais 23 ans et je faisais mon service militaire près de Kiev. Ma compagnie a immédiatement été envoyée à la centrale. J'ai pompé l'eau déversée par les pompiers sur l'incendie. Au bout de quatre jours, on m'a renvoyé parce que j'étais resté assez longtemps au contact des radiations. Dans les années qui ont suivi, les médecins ont détecté une baisse de globules blancs dans mon sang. On a pensé à un début de leucémie et c'est rentré dans l'ordre. Maintenant, j'ai des migraines atroces et je m'évanouis souvent. Je viens à l'hôpital chaque année. On me donne des vitamines et un traitement pour accroître le tonus du cerveau. J'ai deux enfants, nés avant la catastrophe. Je ne travaille pas. Ma pension d'invalidité est de 14 millions de coupons par mois (350 francs). Mon avenir, c'est mes enfants.»

Basil Dimitrievski, 42 ans, employé dans la zone d'exclusion de Tchernobyl.

«Je suis lieutenant-colonel parachutiste, en retraite depuis 1986. J'ai appris le français à l'école militaire, j'étais interprète. J'ai fait la guerre (il refuse de préciser laquelle). J'ai travaillé ici comme liquidateur les premiers mois, je ne dois pas dire à quelle tâche. Je ne vois pas pourquoi je ne serais pas resté travailler ici, puisque de toute façon, j'ai une bronchite chronique. J'ai rencontré ma femme à Pripiat, en 199