Au Cern de Genève, des physiciens auraient concocté une soupe de
quarks et gluons.
Une soupe primitive. Très primitive même, des tout débuts du monde. Une sorte de bout de matière «informe», du temps où l'Univers n'avait vécu que ses premières «dix microsecondes» (un cent-millième de seconde), explique le physicien théoricien allemand Helmut Satz (université de Bielefeld). Voilà la concoction issue d'une expérience de physique des particules (NA50) menée au Cern, à Genève, en novembre et décembre derniers. Les chercheurs voulant cependant rester prudents, ils préfèrent, tel le leader du domaine, Louis Kluberg, directeur de recherches au CNRS (1), ne pas crier victoire mais simplement noter en creux: «Nous n'avons aucune autre idée (que la présence de cette soupe, ndlr) qui pourrait expliquer nos résultats.»
En l'occurrence, l'équipe voit chuter de façon très significative et suspecte la production d'une certaine particule (baptisée J/psi), chute qui «signerait» la présence de la soupe primitive. Il se peut donc, grande première après dix ans de recherches acharnées, qu'il ait été enfin possible de recréer en labo une sorte de petit Big Bang. Tout du moins l'étrange mélange de matière ayant furtivement régné voilà quinze milliards d'années, avant que le monde ne s'organise à la façon dont on le connaît aujourd'hui.
Actuellement, ce qui nous entoure ressemble à un emboîtement de poupées russes: molécules formées d'atomes, au coeur desquels on trouve des électrons en nuage autour d