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portrait

Benoît Mandelbrot, le martien des mathématiques

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publié le 21 mai 1996 à 5h20
(mis à jour le 21 mai 1996 à 5h20)

BENOIT MANDELBROT, 72 ans, mathématicien hétérodoxe, père des fractales et spécialiste des fluctuations de la Bourse, a toujours pensé «en dessin» et préféré traquer l'ordre au sein du chaos.

Un jour, un mathématicien lui demanda s'il était de la même famille que les «six Mandelbrot» dont il avait lu la signature au bas d'articles très spécialisés, dans des domaines mathématiques différents. «Oui. Le premier est mon oncle, acquiesca-t-il. Les cinq autres, c'est moi.» Benoît Mandelbrot se plaît à raconter l'anecdote. Mondialement connu comme le «père des fractales» (lire encadré) ­ ces courbes mathématiques qui évoquent la côte de la Bretagne ­, il a toujours pratiqué un «mode scientifique» très personnel: «papillonner et garder sa liberté.» En d'autres termes, «étudier la Bourse», il y a trente ans, quand aucun mathématicien raisonnable n'y aurait songé, «jouer avec les images» alors que «l'oeil a été expulsé de la science», chercher le «sens du rugueux» et le mettre en équations alors que personne ne s'intéresse à pareille chose.

Ce «désir de voir» et d'aller voir tous azimuts, on le découvre sous-tendu par quelques constantes, que Benoît Mandelbrot énonce ainsi: résoudre des «choses compliquées», goûter le «plaisir de trouver de l'ordre là où il y a du chaos», «comprendre la nature». Le tout favorisé par un «talent» tout personnel: «penser en dessin».

Pour ce mathématicien français, «juif-Lituanien-né-en-1924-à-Varsovie-devenu-Parisien-voilà-soixante-ans» ­ qui a reçu le 6 m