«La question du sens retrouve un sens», estime Jean Staune,
fondateur de l'Université interdisciplinaire de Paris (1), qui a organisé le colloque à l'Unesco. Et de pousser les physiciens, biologistes, naturalistes, psychiatres... toutes sortes de scientifiques, à «oeuvrer pour un réenchantement du monde» (selon le mot du chimiste Ilya Prigogine), a expliqué Jean-François Lambert, psychophysiologiste, enseignant à Paris-VIII, président de l'UIP. Pour cela, multiplier colloques et rencontres, notamment avec les entreprises, en quête de nouvelles idées. Ainsi, selon Marc Benner, de l'Institut du management, créé par EDF-GDF, des discussions entre cadres dirigeants et scientifiques de haut niveau permettent de faire passer des notions encore inconnues de beaucoup: ordre et désordre, chaos, complexité, irréversibilité...
Pour Michel Rousseau, professeur à l'université Paris-Dauphine, il est consternant de voir à quel point de nombreuses formations, même destinées à ce qu'il est convenu d'appeler les «élites», pêchent par leur manque de nouveauté. «Archaïques», juge-t-il.
Mais ne risque-t-on pas, avec l'approche de l'UIP, un scientisme d'un type nouveau, tendance «gourou», avec des scientifiques parfois marginaux dans leurs disciplines? Personne n'a l'air de redouter cet écueil, le «cloisonnement» des connaissances étant jugé bien pire. «Imaginez tous ces hommes politiques qui n'ont pas ouvert un livre depuis des années et en sont restés à des conceptions du XIXe siècle!» ironisait s