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Portrait

Joël Feltesse, 49 ans, se tourne des particules vers les étoiles. Il doit, dès octobre, piloter au CEA un grand groupe de physique et d'astrophysique. Il est tout premier en proton

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publié le 17 septembre 1996 à 10h54

Et si on l'appelait monsieur Proton? Après tout, ne vient-il pas de

consacrer dix ans de sa vie à cette particule? Voire vingt, si on fait le compte de travaux antérieurs, qui n'ont cessé peu ou prou de tourner autour de ce composant vedette du noyau des atomes ­ protos, premier en grec. D'ailleurs, si vous lui suggérez pareille dénomination, il ne proteste pas. Même s'il estime sans doute exagéré que ce nom soit attribué à lui, un seul homme, alors qu'il a toujours oeuvré en compagnie de centaines d'autres ­ chez les physiciens, c'est la loi du milieu. Et qu'il a partagé avec eux moult nuits d'angoisse et de" plaisir: «Une salle de comptage (1), c'est comme une drogue. On croit qu'on va y travailler huit heures, et au bout de quinze heures, on est toujours là!» Passionné, donc. Mais patient, posé. Et chef.

Etoiles, galaxies et quarks. Hier, Joël Feltesse dirigeait l'une des plus importantes coopérations internationales en physique des particules, l'expérience H1 à Hambourg, 400 scientifiques. Un physicien parmi la poignée d'hommes en Europe à pouvoir se targuer d'une telle expérience. Demain, c'est-à-dire ce mois d'octobre et pour ses 50 ans, il prendra officiellement au CEA à Saclay la direction de l'un des deux (2) plus grands groupes de physique en France, le Dapnia. Autrement dit la tête de 700 «dapnieux et dapnieuses», individus essentiellement préoccupés d'étoiles et de galaxies (A pour astrophysique), de protons, de quarks, d'électrons ou de noyaux d'atomes (P pour p