Il n'aime pas ça. Mais alors, pas du tout. Devoir parler de lui,
l'homme. Il préfère le professeur, le physicien, le chercheur qui a su regrouper, au fil des ans, une pléiade de jeunes talents. «Ma médaille, c'est pour mon Ecole, dit-il. N'écrivez pas trop sur moi.» Et on sent sa peur de l'impudeur; sa désapprobation vis-à-vis du vedettariat de certains qui, une fois parés d'un titre (le Nobel, par exemple), commentent tout et le reste: la politique, l'art" «Mais qu'ont-ils de plus que les autres citoyens?» Ne comptez pas sur Claude Cohen-Tannoudji, 63 ans, qui vient d'obtenir la médaille d'or du CNRS, plus haute récompense du premier organisme de recherche français, pour jouer la diva. Rigoureux il est, rigoureux il restera. Et il file dans son sous-sol, au milieu de dalles de granite hérissées de pitons noirs, surmontés de précieuses lentilles, traversées par des rayons laser. C'est là que depuis presque quarante ans, il accomplit une oeuvre mondialement célébrée (1), aujourd'hui récompensée. C'est là qu'il piège les atomes. Ne pas déranger les atomes. Au royaume des vedettes, il y a ceux qui courent après les quarks, flirtent avec les bosons, s'échinent à découvrir les plus petits des plus petits dans l'infiniment petit. Ils posent auprès des très grosses machines, tels des capitaines à l'avant de navires en partance pour l'inconnu, centaines d'hommes d'équipage et milliards de dollars. De la physique spectaculaire. Ici, c'est petit. Minutieux. Enchevêtrement de fils, mo