«Malheureusement, je ne pense pas avoir perdu beaucoup de poids.» On
s'en doutait un peu depuis qu'on l'avait vue sur les images télé aux côtés de Claudie -taille mannequin- André-Deshays, «notre» cosmonaute française, là-haut dans la station Mir. Shannon, la grande dame de l'espace, qui vient de passer, à 53 ans, six mois «sans douche» à bord de la station spatiale russe (record américain de durée pulvérisé (*)) a la coquetterie scientifiquement lucide: ce n'est pas parce que l'apesanteur fait croire qu'on a perdu son poids, qu'elle fait maigrir! Mais qui pontifiera demain, instruit des choses de l'orbite: très chère, à partir de dorénavant, régime! Et je règle ce problème de masse!
Shannon, qui n'est donc pas un pur esprit, a aussi annoncé qu'elle avait des projets: «profiter de la vie pendant un certain temps». Un dessein qui vaut son pesant de nourriture lyophilisée. Serait-ce que là-haut, ô inavouable secret, on ne vit qu'à moitié?
Cela étant, le spatial reprend du poil (médiatique) de la bête et pas seulement parce que Bill (Clinton) trouve que Shannon a eu «une vie vraiment impressionnante». C'est la vie sur Mars (même pas affriolante, telle celle d'une bactérie) qui impressionne. Et fait ressortir des visions de planète rougeoyante à la une des magazines. Si l'hebdomadaire Newsweek se demande carrément, «des humains pourraient-ils vivre là-bas?», comme au bon vieux temps de la splendeur spatiale américaine, force lui est de constater, in fine, que «1 996 n'est pas 1 962