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publié le 8 octobre 1996 à 23h19

Soudain, la très sérieuse assistance a bruissé d'émoi. Salle

Médicis, au Sénat, lors de l'ambitieux colloque «Science, pouvoir, démocratie» (1), le mot «race» a volé dans les travées. Attention, s'est exclamé Jean-Claude Salomon, de la revue Science Tribune, «oui, le racisme scientifique existe». Il suffit de lire la «littérature scientifique américaine, où les races sont utilisées pour décrire la société». Ce à quoi un zoologiste du Muséum, Marc Salomon, a répliqué: «Pourquoi discréditer ainsi le mot race, compris au sens de subdivision, sous-groupe», montrant qu'il n'y a pas d'«homogénéité absolue». Le public, essentiellement composé de scientifiques, fut instantanément agité, voire dépassé. Pierre Thuillier, philosophe et auteur du récent et très pessimiste livre la Grande Implosion (2), a apaisé les esprits à sa façon: «La science n'a pas à être colonisée dans un domaine qui n'est pas le sien.» En d'autres termes, vouloir définir scientifiquement le terme de race, c'est ouvrir (rouvrir, dans la ligne des biologistes du XIXe ou, plus tard, des nazis) la porte à une fausse et dangereuse objectivité. Un débat, spécialement organisé au Muséum, le 10 octobre, par le Centre d'études du vivant va approfondir le sujet. Piège ou nécessité d'une mise au point?

Une chose est sûre, de nombreux scientifiques, aujourd'hui, s'inquiètent à nouveau tout haut de leur «responsabilité». Sang contaminé, vache folle, amiante culpabilisent les esprits. Selon Thuillier, les scientifiques sont, de