Xichang (Sichuan, Chine) envoyée spéciale
Le jour où Cao Xue a vu la fusée Longue Marche passer à l'horizontale au lieu de s'enfuir majestueusement vers le grand ciel clair du Sichuan, ça lui a fait un choc. «J'étais abasourdi», avoue-t-il, huit mois après ce fatal lancement qui a officiellement coûté la vie à six personnes et blessé une trentaine d'autres, le 14 février 1996. Aujourd'hui, arborant une mine un peu crispée, le responsable des relations avec les étrangers du XSLC (Centre de lancement des satellites de Xichang) tend un doigt qui se veut assuré vers une haute tour de «97 mètres de haut, 4 000 tonnes», se dressant sur fond de verte montagne boisée. Cette tour «de service» va bientôt accueillir une nouvelle fusée, une Longue Marche 3A, pour lancer un satellite de télécommunications, baptisé DFH3. «C'est pour novembre», insiste Cao Xue, penché au-dessus de la rambarde d'où l'on voit courir sur plusieurs dizaines de mètres un entrelacs de tuyaux servant à ravitailler les lanceurs en liquides divers. A cinquante mètres de là, de jeunes gardes en uniforme kaki, baïonnette au poing, s'agitent. Ils n'apprécient pas trop de voir passer des étrangers ici, sur ce site militaire quand bien même il s'agirait, comme aujourd'hui, de bons connaisseurs en matière de satellites ou lanceurs, fraîchement débarqués du 47e congrès de l'IAF (Fédération astronautique internationale, lire Libération du 15/10/96), après vingt heures d'avion, train et bus depuis Pékin.
A vrai dire, ils s