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Libération

Yi noirs, Yi blancs, adorateurs de l'aigleAutour de la base spatiale de Xichang, vit l'une des 55 minorités de Chine.

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publié le 29 octobre 1996 à 23h53

C'est une coupe digne des plus beaux contes cruels. Montée sur

pattes d'aigle, les serres méchamment recourbées, elle s'évase vers le haut, laquée de noir et rehaussée de jaune ­ une couleur qui signifie «riche et heureux» ­ et de rouge ­ symbole du feu et du courage. Malheureusement, on ne peut la voir que dans la vitrine poussiéreuse d'un petit musée à flanc de montagne, consacré aux Yi, l'une des 55 minorités chinoises, peuple adorateur de l'aigle et du tigre. Simple témoignage d'un passé révolu dans cette région du Sichuan, au sud-ouest de la Chine.

Ils seraient environ 1,5 million (1) de Yi sur les 3,5 millions d'habitants de la préfecture de Liang Shan, 60 000 km2 autour de la «ville spatiale» de Xichang. Et 20% de la population de la ville aurait cette origine, différente des Han, majoritaires. Sur laquelle circulent les rumeurs les plus exotiques: «Ils seraient lointains cousins des Allemands, ou des... Japonais.» De fait, nous a-t-on assuré sur place, nombreux sont les Japonais qui viennent ici et demandent à acquérir les objets du musée ­ notamment de très beaux pectoraux, sortes d'armures de bois articulées. Ce que refusent les Chinois. Sur les routes et dans les champs, on les reconnaît à leurs coiffes noires du plus bel effet. Traditionnellement, seules les femmes ayant eu un bébé ont le droit de porter le grand chapeau plat à larges bords. Sinon, elles doivent se contenter d'une petite coiffe. Quant aux enfants (les Yi auraient le droit d'en avoir jusqu'à trois