Mars 96 est tombée à l'eau, hier, à l'ouest du Chili. Un désastre
scientifique. Et on se demande: l'Europe spatiale va-t-elle relever le gant? Relancer l'incroyable collaboration technico-astronomique née de l'envie d'explorer Mars? Investir dans la passion de ses chercheurs abasourdis mais techniquement fin prêts, et relancer une sonde? L'Europe, justement, parlons-en. «Nous les scientifiques, nous sommes frileux et désorganisés. Nous ne nous remuons pas assez. Ne dialoguons pas assez en Europe», dit Françoise Praderie (1). Alors, forte d'une expérience à l'OCDE, elle a décidé, en compagnie de sept compères de fonder Euroscience. «Ni un syndicat, ni une académie», mais une association européenne destinée notamment à explorer les complexes relations entre science et société. A mieux comprendre ce que la seconde demande à la première... En avril, le petit groupe (forcément européen) a testé l'idée sur 145 scientifiques éminents. «Réponses positives immédiates.» Et jeudi, un appel plus large a été lancé via Nature (2) aux scientifiques mais aussi aux enseignants, industriels, médias...
En référence, une archi-réussite: l'American association for the advancement of science, 145000 scientifiques sur le million américain. En Europe, ils sont plus de 720 000. Praderie ne rêve pas tant d'«advancement» (progrès de la science) qui fleure trop son XIXe que de voir naître un«club ouvert». Assez puissant pour lancer de «grands débats avec l'étonnante vigueur démocratique», du genre de ce