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Libération
Critique

PLUME . Humour cosmique. La Guerre des sciences par Isabelle Stengers, Ed. La découverte et Les empêcheurs de penser en rond, 69 F, 140 p.

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publié le 10 décembre 1996 à 3h16

«L'époque est dangereuse. Propice aux monstruosités», sait bien

Isabelle Stengers, dont le titre du dernier livre la Guerre des sciences (1) donne le ton. Et la philosophe de s'insurger contre la pauvreté (justement dangereuse) des références quand on parle aujourd'hui de science: «le progrès ou le chaos.» Or, ce qu'elle appelle de ses voeux, c'est une «relation vivante entre les sciences et les citoyens». Et entre les sciences entre elles (2). Mais pour y parvenir, on ne pourra faire appel ni aux «réflexes nostalgiques» ­ où est passé le bon vieux temps (a-t-il jamais existé?) d'une «recherche libre et désintéressée?»­ ni aux techniques de «dénonciation», qui font «porter sur la rationalité scientifique le désenchantement du monde». «Ayons une plus grande lucidité», exhorte l'auteur du best-seller la Nouvelle Alliance, écrit en 1979 avec le Nobel Ilya Prigogine. Réfléchissons, par exemple, à «l'histoire commune du capitalisme et des sciences», insiste-t-elle. Je ne peux pas savoir ce qu'aurait été le développement des sciences sans le capitalisme. C'est lui qui a réinventé nombre de connections», à l'oeuvre dans notre société. Et de rappeler, en dernière page de l'ouvrage, au cas où on n'aurait pas bien compris: «Le commerce, lorsqu'il se confond avec l'idéal, désormais trop connu, d'une libre circulation des marchandises, ne constitue rien d'autre qu'un état de guerre généralisé, la destruction décidée de tout ce qui entrave la circulation et fait obstacle à la loi universe