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Libération

Sauvez les sales bêtes! Elles vivent dans l'ombre de la terre ou les brumes des cloaques. On les croit grouillantes mais dans leurs drôles de familles, des branches entières se meurent. Six tranches de vie en perdition.

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publié le 7 janvier 1997 à 16h26

Elles n'ont ni les yeux tristes du panda, ni l'élégance du tigre, ni

la force tranquille de l'éléphant, ni la corne féroce du rhinocéros. Juste une sale gueule. Une tête de vermine, de vampire, à faire peur. Elles sont visqueuses, velues, glabres, pleine d'yeux ou sans pattes, pire, bourrées de pinces qui courent partout. Elles vivent dans l'ombre des cavernes, de la terre, des feuilles mortes, des cadavres, des cloaques ou des grands fonds. Ce sont des bêtes de cauchemar dignes de Halloween: serpents, araignées, chauve-souris, vers et crapauds, crabes et pieuvres" On les imagine grouillantes. Erreur. Elles sont des millions à agoniser, en ce moment même, dans l'indifférence générale. Pour sauver ces espèces, rien, pas un geste, pas un cri. Pas une seule petite campagne de pub ou un logo sur papier à lettres recyclé, pas une peluche à leur image ce Noël, ni même une épinglette arborant leur nom. Pourtant, dans ces familles-là, des branches entières s'effeuillent, s'effondrent et disparaissent, victimes, comme les autres, les belles et célèbres, des maux du siècle: la forêt recule, les marais s'assèchent, leur territoire s'amenuise, la pollution augmente. Et certaines, en particulier serpents, mygales et lézards qui font la joie du marché de la terrariophilie, succombent aussi au trafic d'animaux" Un engouement toutefois marginal. Ces vilaines bêtes meurent surtout d'être mal aimées. Elles ne sont, faute majeure, ni à poil ni à plume. Seuls les mammifères ­ excepté la chauv