«Sceptique, désabusé». Il dit mê-me avoir été «désespéré», a-vant de
décider que non, le terme n'est peut-être pas adéquat. Une chose est sûre: le prix Nobel de physique Georges Charpak a jugé «absurde» cette sitiation où, brusquement, après avoir obtenu en 1992 la plus haute récompense du monde scientifique, il s'est trouvé «sommé de s'exprimer sur tout». Lui qui fut jadis membre du Parti communiste puis a «arrêté le politique» pour n'intervenir que ponctuellement «au moment de la guerre du Viêt-nam, pour les dissidents soviétiques» s'est alors découvert l'envie de travailler à l'écriture d'un livre approfondi sur le nucléaire, militaire et civil. D'où ce Feux follets et champignons nucléaires (1) corédigé avec un vieil ami de trente-sept ans, Richard Garwin, physicien américain, spécialiste de stratégie et armes nucléaires. Un «appel à la réflexion», des «hommes politiques», en particulier. Le physicien devenu Nobel avait en effet vécu de troublantes expériences. Celle, par exemple, d'avoir «assisté à (certains) lavages de cerveau superbes». En 1993-1994, il fut membre d'un «comité secret» auprès du Premier ministre (Balladur), chargé de réfléchir sur les armes stratégiques, nous a-t-il révélé. Et s'étonna qu'à toutes ses remarques incitant à la réduction du nombre d'armes nucléaires, en raison de l'implosion de l'URSS, le spécialiste le plus éminent en matière de fabrication d'armes lui répondit que «chaque année, les Russes produisent plus de plutonium que la totalit