Menu
Libération

Je me souviens. Qu'est-ce que la mémoire, où se cache-t-elle? C'est l'un des plus fascinants mystères de la biologie.

Article réservé aux abonnés
publié le 28 janvier 1997 à 15h17

«Non, je ne me souviens plus du nom du bal perdu, ce dont je me

souviens, c'est de ses amoureux qui ne regardaient rien autour d'eux... Et c'était bien», chantait Bourvil. «Je me souviens», petite phrase magique, trois mots dont Perec fit le titre d'un livre-culte, que chacun peut réécrire, s'il le désire, à sa façon. «Les souvenirs ne sont que la mousse de la mémoire», selon le neurobiologiste Jean-Didier Vincent (1), directeur de l'institut Alfred-Fessard à Gif-sur-Yvette. Oublis et premiers souvenirs. Souvenirs de rencontre, de joie, de souffrance.

Pourquoi la mémoire est-elle ancrée ici ­ ah, la madeleine! ­ et flanche-t-elle là ­ j'ai ce nom au bout de la langue? Quel est son «support» et où se cache-t-elle? Ces questions seront évoquées ce soir à Saint-Michel-sur-Orge lors d'une table ronde qui lui sera consacrée, à l'occasion de la Semaine de la science à laquelle Libération-«Eurêka» est associé (2). Occasion de rappeler que la mémoire est «l'essence de la construction du vivant et de ce summum qu'est l'être humain avec son cerveau», selon Jean-Didier Vincent. L'homme, sorte de «machine à mémoire», qui n'a rien à voir avec la représentation habituelle des connexions d'ordinateur.

Mais l'homme, c'est beaucoup plus que cela. Trois mémoires à la fois, explique Alain Prochiantz, qui dirige le Laboratoire de développement et d'évolution du système nerveux (CNRS) à l'Ecole normale supérieure, dans son livre à paraître demain les Anatomies de la pensée (3): «la mémoire de l'es