Elle a failli être le «premier Français» dans l'espace. Avant
Jean-Loup en 1982, a fortiori Patrick en 1985, quinze ans avant Claudie (1). Mais le sort en a décidé autrement. Les Américains avec qui le voyage aurait dû avoir lieu ont eu des problèmes. Les Russes, avec qui le rattrapage aurait pu se faire, préféraient le profil pilote d'essai, masculin. Elle a eu beau avoir été classée dans «le peloton de tête européen des astronautes, avec Claude Nicollier, Ulf Merbold, Wubbo Ockels (ils ont tous volé depuis, NDLR)», piloter des avions, être sportive émérite, il lui a fallu se contenter de quelques minutes en apesanteur, à bord des avions où ont lieu de multiples expériences scientifiques. Si elle avoue «un peu de nostalgie» et un amour tout particulier pour ces «manips en microgravité» en Caravelle, en Airbus ou dans le KC 135 de la Nasa, capable pendant quelques secondes, de se «laisser tomber» sans danger, elle n'accorde manifestement pas beaucoup de temps aux regrets. Flanquée de son téléphone portable (denrée encore rare chez les scientifiques), courant plus que marchant, escaladant les escaliers comme une fusée, l'astrophysicienne Annie-Chantal Levasseur-Regourd, 51 ans, spécialiste d'astronomie et de spatial au CNRS, reconnaît volontiers son côté «bulldozer». Indispensable, selon elle, à qui veut mener de front recherche et enseignement de haut niveau: «Je ne parle pas de savoir livresque à mes étudiants, je leur donne à comprendre de grandes découvertes.» D'autant q