Dans le miroir de sorcière des littératures fantastique et de
science-fiction, l'apparition du double le doppelgänger a préfiguré celle du clone en lui donnant la forme hallucinante et foireuse du monstre de Frankenstein, née dans la folie d'un soir d'été 1816 au bord du lac Léman, puis celles des androïdes et robots chers à Isaac Asimov. Le cinéma expressionniste des années 20 a lui aussi tiré parti de l'extravagance d'un thème fascinant en multipliant les créatures surgies des éprouvettes du savant fou, homoncules et golems. Une fois réglé son compte au double démoniaque, la science a fait irruption d'une manière plus rigoureuse en insufflant l'idée d'une reproduction asexuée de l'être humain à des fins rarement orthodoxes. C'est un romancier français, Maurice Renard (1875-1940), qui, en collaboration avec Albert-Jean, publie, en 1925, le Singe, première fiction clonique. Les deux compères mettent en scène un jeune scientifique, disciple du Docteur Jekyll, Richard Cirugue, qui défraie la chronique parisienne en apparaissant simultanément en plusieurs endroits.
Uniforme. Ses amis s'inquiètent puis découvrent que ce don d'ubiquité n'a pas seulement pour cause un profond malaise psychologique. Cirugue a mis au point le procédé par lequel l'homme peut se reproduire de façon uniforme. «Cela tenait de la galvanoplastie, de la photographie intégrale, sans quitter le domaine de la chimie organique.» Les clones de Renard sont en quelque sorte des hologrammes améliorés, et, à t