Vaut-il mieux être grande et belle, attirer jusqu'aux parasites et risquer la stérilité? Ou, petite et discrète, au point, en restant un peu trop tranquille, de ne pas obtenir une descendance assez nombreuse? Pauvres fleurs, le dilemme, pour elles, est insoluble. Pourtant, aux parasites provoquant des MST (maladies sexuellement transmissibles), elles sont à ce point confrontées que leur évolution a dû en être affectée. Que même leur sexe a pu en être transformé! D'hermaphrodites il y a cent millions d'années (quand elles sont apparues sur terre), les voilà devenues mâles ou femelles, sans ambiguïté.
La Canadienne Jacqui Shykoff, du laboratoire d'évolution et systématique à Orsay, qui relance ce mois-ci l'intérêt pour cette question dans la revue spécialisée Evolution (1), a une fleur de prédilection: l'oeillet rose des montagnes suisses. Avec son indispensable chevalier servant, le papillon blanc. Ce dernier butine de fleur en fleur, éparpillant le pollen des unes (de leurs étamines mâles) vers le pistil (femelle) des autres. Et trimballant à cette occasion les spores (2) d'un champignon malfaisant. Ce dernier, cousin des cèpes et girolles a la mauvaise idée de s'immiscer dans les organes sexuels de l'oeillet. Il l'infecte si bien qu'il peut semer un incroyable trouble: changer son sexe et le stériliser! Peu étonnant, les fleurs les plus grandes et voyantes, qui s'annoncent les plus riches en nectar, sont les plus visitées et les plus exposées, a constaté la chercheuse canadi