Fin de l'aventure pour une fleur unique au monde: la centaurée de la Clape, belle plante aux fleurs roses et pourpre, est condamnée à l'extinction. Le plus étonnant, c'est qu'elle semble s'être programmée pour disparaître. Ce qu'en langage scientifique, Bruno Colas et Isabelle Olivieri, de l'Institut des Sciences de l'Evolution à Montpellier (1), appellent un cul-de-sac évolutif. Composée de la famille des chardons, des marguerites" la centaurée a fait un drôle de choix: elle fleurit en un seul endroit. Sur les falaises arides et escarpées du massif de la Clape, près de Narbonne. La fleur s'est coupée, si l'on ose écrire, l'herbe sous le pied. Premier problème, elle ne peut passer d'une falaise à l'autre pour y créer des colonies. Explication: chaque centaurée garde jalousement ses graines pour l'environnement proche où elle a déjà poussé. Celles-ci sont ainsi dépourvues de ce qui les aide, en général, à profiter du vent: petites «ailes», petites «plumes»" Et voilà comment la plante joue de malheur: 95% de ses graines tombent au pied des falaises, où pousse une forêt (trop ombragée) qui les empêche de germer. Pire, même si une graine parvenait sur un nouveau site et y germait, le problème ne serait pas résolu: elle y serait trop seule. Pour se reproduire, les centaurées doivent aller au moins par deux, le pollen (des étamines, organes mâles) de l'une allant féconder le pistil (organe femelle). Sinon, rien. Mais ce miracle de deux graines allant au bon endroit, y germant et f
L'étrange suicide de la belle centaurée. Elle fleurit sur une seule falaise et ne parvient pas à coloniser d'autres sites.
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par Stéphane Durand
publié le 22 avril 1997 à 0h35
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