Menu
Libération
Interview

L'univers a-t-il un sens? Questions à l'astrophysicien américain Nodland «Notre échantillon de galaxies suffit»

Article réservé aux abonnés
publié le 29 avril 1997 à 0h12

«C'est le genre d'idée qu'on peut garder dans un coin de la tête. Et

si on a l'occasion d'utiliser un radiotélescope, pourquoi ne pas faire des mesures du ciel pour vérifier si ce qu'ils ont vu tient encore.» Pour l'astrophysicien François Bouchet (Institut d'astrophysique de Paris), l'article publié la semaine dernière dans Physical Review Letters par les deux Américains Borge Nodland (université de Rochester) et John Ralston (université du Kansas), montrant une «anisotropie de l'Univers» (1) et une sorte «d'axe cosmologique», ne devrait pas provoquer «une crise de la physique». Mais peut inviter à mener de nouvelles mesures. «Entre astronomie et cosmologie, il y a un changement de culture», explique le Français. Si les astronomes sont un peu des «herboristes», qui repèrent étoiles et galaxies comme on le ferait de fleurs, les cosmologistes ont«besoin de populations». De bouquets d'étoiles (ou de galaxies) permettant de déceler des phénomènes nouveaux.

En l'occurrence, Nodland et Ralston, en étudiant la polarisation du rayonnement radio de 160 galaxies ont trouvé qu'elle différait selon qu'elle venait de tel ou tel endroit du cosmos. Une «anisotropie» choquante, dans un univers considéré comme «isotrope et homogène». Sauf à l'imaginer «chiffonné», comme l'a expliqué la semaine dernière à Libération l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet. Avec une topologie très spéciale ­ l'univers visible serait une sorte de «cristal cosmique», capable d'engendrer des directions privilégiées